Chargement en cours
×

Modernisation à la chinoise : quels impacts sur les relations sino-béninoises ?

Profondément ancrée dans un développement sans précédent, la Chine connaît une modernisation dite « à la chinoise ». Cette dynamique offre au pays des perspectives d’avenir. Forte de sa relation avec le Bénin depuis plus de cinquante ans, la Chine pourrait faire bénéficier le pays de Patrice Talon de cette modernisation croissante.

« L’arbre doit sa grandeur à ses racines, le fleuve doit sa longueur à ses sources ». Cet adage chinois illustre avec justesse la trajectoire ascendante de la Chine. En effet, la progression de la modernisation à la chinoise n’est pas le fruit du hasard. C’est un grand pas effectué grâce au Parti communiste chinois (PCC) qui fidèle à son engagement et à sa mission, a conduit le peuple chinois dans l’effort solide et persévérant pour remporter le succès. C’est donc l’aboutissement d’une logique historique, pratique et théorique profonde. La modernisation à la chinoise, également appelée la modernisation chinoise ou la voie chinoise vers la modernisation défend un modèle de modernisation qui contraste avec le développement de style occidental et soulignant les points forts du modèle économique et politique chinois. Ce terme qui remonte à 1979 et devenu une politique à part entière en 2021 allie développement infrastructurel et valorisation du capital humain. Selon Xi Jinping, Président de la République populaire de Chine, la modernisation à la chinoise présente des caractéristiques et des principes majeurs. Il s’agit d’une population immense, une prospérité commune pour tous, un progrès matériel et culturel, et l’harmonie entre l’humanité et la nature et le développement pacifique. A cela s’ajoutent des principes tels que le maintien et le renforcement de la direction du Parti, l’adhésion à la voie du socialisme aux caractéristiques chinoises, l’adhésion à une philosophie de développement centrée sur l’humain, l’adhésion à la réforme et à l’ouverture, et faire avancer un esprit combatif. Il s’agit donc selon Xi Jinping d’« une modernisation socialiste ». Il faut noter que la modernisation à la chinoise a insufflé de nouvelles vitalités à la civilisation chinoise, riche et profonde, tout en apportant davantage de sagesse à la paix, à la prospérité mondiale et au progrès de l’humanité.

Croissance économique et lutte contre la pauvreté

Comme l’a dit Qin Gang, ex- conseiller d’État et ex-ministre des Affaires étrangères à la cérémonie d’ouverture du Forum Lanting sur « la modernisation à la chinoise et le monde », à Shanghai, le 21 avril 2023, « la modernisation à la chinoise est un choix évident de la Chine après cent ans de développement ». Elle est un impératif incontournable pour promouvoir sur tous les plans le grand renouveau de la nation. Ainsi, il faut noter que la modernisation à la chinoise englobe plusieurs domaines. Avec une population estimée à environ 1,416 milliard d’habitants en 2025, selon les prévisions de Worldometer, la Chine devrait voir son Produit Intérieur Brut (PIB) par habitant augmenté. En effet, le PIB par habitant en Chine devrait atteindre 12687,00 USD d’ici la fin de 2025, selon les modèles macroéconomiques mondiaux de Trading Economics et les attentes des analystes. À long terme, le PIB par habitant en Chine devrait se situer autour de 13194,00 USD en 2026 et 13748,00 USD en 2027, selon les modèles économétriques de Trading Economics. Ces chiffres reluisants montrent l’impact de la modernisation chinoise sur le système économique du pays.

Deuxième pays le plus peuplé du monde, la Chine se concentre à travers sa modernisation sur la rapidité et sur les résultats concrets en matière de lutte contre la pauvreté. En chiffre, l’Empire du Milieu a sorti « 800 millions de personnes de la pauvreté et a atteint l’objectif de réduction de la pauvreté fixé par le Programme de développement durable à l’horizon 2030 des Nations Unies avec dix ans d’avance » a affirmé Guo Jiakun, porte-parole du ministère des Affaires étrangères en conférence de presse du 26 septembre 2025. La Chine a ainsi contribué à la réduction mondiale de la pauvreté à hauteur de 70 %. Ce n’est pas tout. En 2025, le marché du travail chinois s’est transformé sous l’effet des changements démographiques, des préférences évolutives en matière de travail et des avancées technologiques. De 12,56 millions emplois urbains en 2024, la Chine vise à en créer plus de 12 millions en 2025, dans le but de stabiliser et de développer davantage l’emploi dans le pays, selon le Rapport d’activité du gouvernement présenté mercredi 05 mars 2025 à l’Assemblée populaire nationale (APN), le plus haut organe législatif de la Chine.

Des avancées pour le bien-être et la protection de l’environnement

Dans le domaine de la santé, l’Empire Céleste a connu des améliorations significatives au cours des cinq dernières années, en particulier dans les domaines de la prévention des maladies et de la coopération internationale. En 2025, l’espérance de vie en Chine est estimée à 77,81 ans, marquant une légère augmentation par rapport aux années précédentes. Autres bonnes nouvelles, les employeurs peuvent offrir des assurances santé. La modernisation à la chinoise passe également par la protection de l’environnement. Selon Antonio Abreu, secrétaire du Programme sur l’homme et la biosphère (MAB) à l’UNESCO, dans une interview accordée à Xinhua à la veille du 5e Congrès mondial des réserves de biosphère, qui se tiendra à Hangzhou (Chine) du 22 au 25 septembre, la Chine a fait preuve d’engagement remarquable en faveur de la conservation de la biodiversité et du développement durable, avec 34 réserves de biosphère désignées, soit l’un des réseaux les plus étendus au monde. Par ailleurs, la modernisation chinoise est marquée par l’équilibre entre la civilisation matérielle et la civilisation spirituelle ouvrant de meilleures perspectives au progrès de la société humaine. L’on peut parler de l’intégration de valeurs traditionnelles comme l’harmonie avec la nature à côté du progrès matériel, sans occulter le développement pacifique que prône la Chine, refusant la colonisation et la guerre et cherchant la coopération mondiale. Il est à noter que le développement de l’industrie, de la technologie, du transport n’est pas en marge de cette modernisation à la chinoise.

La modernisation chinoise comme levier pour le Bénin

« Un proverbe africain dit : ‘’Un vrai ami est quelqu’un avec qui vous partagez le chemin.’’ Sur le chemin de la modernisation, nul ne doit être laissé pour compte. À nous de rassembler la force des plus de 2,8 milliards de Chinois et d’Africains, de poursuivre main dans la main notre marche vers la modernité et de contribuer, par la modernisation de la Chine et de l’Afrique, à la modernisation du Sud global. » dixit Xi Jinping, Président de la République populaire de Chine à la cérémonie d’ouverture du Sommet de Beijing du Forum sur la Coopération sino-africaine, à Beijing, le 5 septembre 2024. Ces mots montrent qu’il ne s’agit par seulement d’une modernisation à la chinoise mais d’une modernisation mondiale. Avec bientôt 53 ans de relation sino-béninoise, la Chine est devenue un important partenaire stratégique et économique du Bénin. Le Bénin qui fait le chemin vers l’objectif de modernisation fixé par sa vision de développement à l’horizon 2060 peut désormais s’inspirer de la Chine. Il ne s’agit pas seulement de se mirer dans la modernisation à la chinoise, mais de vivre une expérience unique pour en tirer des leçons.

D’entrée de jeu, la modernisation à la chinoise et le partenariat stratégique Chine-Bénin forment aujourd’hui « un axe diplomatique et économique majeur, porteur d’une vision alternative du développement. » La Chine propose un modèle de modernisation fondé sur le socialisme aux caractéristiques chinoises, qui privilégie la stabilité politique, la planification stratégique et le développement technologique, l’adaptation aux réalités nationales, en évitant les modèles occidentaux jugés parfois inadaptés aux contextes locaux, la souveraineté économique, avec un fort soutien à l’industrialisation, à l’innovation et à la réduction de la pauvreté. Ce modèle est perçu par le Bénin comme une source d’inspiration pour construire une trajectoire de développement autonome, inclusive et durable.

La Chine et le Bénin ne cessent de développer leur coopération dans divers domaines, la santé publique étant considérée comme l’un des piliers. A cela s’ajoute la coopération sino-béninoise en matière ferroviaire, la modernisation et extension du port de Cotonou, l’investissement des entreprises chinoises dans des zones industrielles proches du port de Cotonou, la coopération sino-béninoise en matière d’éducation et de santé dans le cadre du partenariat stratégique établi en 2023, le soutien à l’industrialisation du Bénin dans le cadre du partenariat stratégique sino-béninois, le soutien chinois à l’industrialisation béninoise. Aujourd’hui, le Bénin explore les principes de la modernisation à la chinoise, notamment en matière de planification industrielle, de lutte contre la pauvreté et de transformation numérique. Le dialogue politique sino-béninois, désormais structuré par un partenariat stratégique, incarne une diplomatie de convergence et de co-construction. Il traduit la volonté des deux États de bâtir un avenir commun fondé sur le respect mutuel, la solidarité Sud-Sud et la recherche de solutions adaptées aux réalités locales.

De par sa modernisation, la Chine est, aujourd’hui, bien plus qu’une puissance économique. Elle est un partenaire, un ami, un pays qui sait conjuguer le passé et l’avenir, la diversité et l’unité, la modernité et la chaleur humaine. Et c’est peut-être là le plus grand atout pour le Bénin qui reçoit comme enseignement : moderniser, oui, mais toujours en gardant au cœur ce qui rend profondément humains. Cependant, ces opportunités s’accompagnent de limites notables. L’asymétrie dans les rapports de force place souvent les pays africains comme le Bénin dans une position de dépendance, tant financière que technologique. Les prêts contractés peuvent accroître la vulnérabilité du Bénin face à l’endettement, tandis que la prédominance des entreprises chinoises réduirait l’espace de croissance des acteurs locaux. Enfin, la durabilité de ces partenariats interroge : les bénéfices immédiats ne doivent pas occulter le risque de dépendance structurelle à long terme. L’avenir du partenariat sino-béninois repose donc sur la capacité des deux pays à conjuguer ambitions partagées et respect des intérêts mutuels, ouvrant la voie à une coopération durable et stratégique au service du développement du Sud global.

Elisée ANANI

Bénin Passion Infos : votre média engagé pour une actualité claire, vérifiée et objective. Découvrez des analyses rigoureuses et sans compromis pour rester informé avec authenticité et transparence.

Laisser un commentaire

Vous avez manqué