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Au premier regard, Marché chinois : Une ouverture tarifaire qui teste la compétitivité africaine, Pékin semble faire un pas décisif en faveur de ses partenaires africains, Un dialogue soutenu avec Pékin pour lever les barrières non tarifaires souvent plus contraignantes que les droits de douane
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Marché chinois : Une ouverture tarifaire qui teste la compétitivité africaine
L’annonce du ministre chinois des Affaires étrangères Wang Yi, le 11 juin 2025, d’exempter 53 pays africains de droits de douane sur leurs exportations vers la Chine est saluée comme un tournant historique dans la coopération Sud-Sud. Pourtant, cette mesure diplomatique, présentée comme un geste de solidarité, s’accompagne de calculs économiques stratégiques et de défis redoutables pour les exportateurs africains.
Une manœuvre chinoise à double bénéfice
Au premier regard, Pékin semble faire un pas décisif en faveur de ses partenaires africains. Mais l’ouverture tarifaire cache une dynamique interne liée à l’essoufflement de la croissance chinoise. Face à la baisse de la demande locale, notamment dans les secteurs agroalimentaire, textile et de transformation, la Chine voit dans l’arrivée de produits étrangers bon marché une opportunité :
Offrir de la diversité aux consommateurs
Soutenir ses propres industries, dépendantes de matières premières exotiques et à faible coût
Pékin combine donc stratégie économique et diplomatie d’influence, en injectant une dose de concurrence externe pour stimuler son marché intérieur, tout en renforçant son image de partenaire privilégié de l’Afrique. Un ajustement subtil qui, en réalité, sert aussi ses intérêts nationaux.
L’Afrique face à ses propres défis
Pour les pays africains, la perspective d’un accès libre au marché chinois est séduisante, mais la suppression des barrières douanières ne garantit pas l’accès effectif.
Les exigences techniques, sanitaires et logistiques chinoises sont élevées. Le consommateur chinois est particulièrement attentif à la qualité et à la sécurité des produits, ce qui risque d’exclure bon nombre d’exportations africaines encore faiblement transformées ou mal conditionnées.
Sans politiques industrielles robustes, sans investissements soutenus dans les infrastructures (ports, routes, systèmes de stockage) et sans montée en gamme des filières de production, l’exemption tarifaire pourrait rester une opportunité théorique.
Exporter mieux, pas seulement plus
Le véritable défi pour l’Afrique ne se limite pas à profiter d’un accès préférentiel, mais à être compétitive sur un marché exigeant et complexe. Cela passera par :
La transformation locale des matières premières
La structuration efficace des chaînes de valeur
Un dialogue soutenu avec Pékin pour lever les barrières non tarifaires souvent plus contraignantes que les droits de douane
L’exemption accordée par la Chine a le potentiel de redéfinir les échanges commerciaux avec le continent africain, mais elle pourrait aussi se transformer en mirage si les pays africains n’adaptent pas rapidement leurs stratégies.
La balle est désormais dans le camp des États africains. Il ne suffit plus d’exporter plus, il faut exporter mieux. Dans cette compétition mondiale, le tarif zéro n’est qu’un levier parmi d’autres.
Araphath ADAM
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