Autocollants contre le franc CFA : vers une transition vers l’indépendance monétaire et la souveraineté africaine ?
Depuis plusieurs décennies, de nombreux pays africains utilisent le franc CFA comme monnaie d’échange. Pourtant, cette monnaie fait de plus en plus l’objet de vives contestations, notamment en raison de la difficulté d’accès aux devises pour ses utilisateurs. Face à cette situation, de nombreuses voix s’élèvent pour réclamer sa suppression, posant ainsi la question cruciale : n’est-il pas temps de mettre un terme à la circulation de cette monnaie, considérée par certains comme un frein à la liberté économique de l’Afrique ?

Créé en 1945 sous l’appellation de « franc des Colonies françaises d’Afrique », le franc CFA est aujourd’hui de plus en plus décrié. À Cotonou et à Abomey-Calavi, des autocollants portant l’inscription « Je / Nous sommes pour le refus du Franc CFA » ont récemment fleuri sur les murs. Ces marques de protestation ne sont pas isolées : en novembre 2024 déjà, des graffitis similaires avaient été aperçus sur les murs de villes au Togo et au Sénégal, deux pays membres de la CEDEAO, appelant à la sortie du franc CFA.
Dans les pays de l’Alliance des États du Sahel – Mali, Burkina Faso et Niger – des étapes concrètes ont été franchies vers la création d’une monnaie souveraine, adossée à leurs ressources naturelles, notamment l’or. Cette initiative s’inscrit dans une volonté affirmée de rompre avec le modèle économique actuel et de bâtir un système bancaire autonome. De Bamako à Cotonou, d’Abidjan à Ouagadougou, les appels à la suppression du franc CFA se multiplient, affichés sur les murs des grandes villes à travers des autocollants et des messages engagés.

Le franc CFA : symbole de dépendance néocoloniale face à la stabilité de l’euro
Depuis les indépendances, le franc CFA est perçu par de nombreux Africains comme un vestige du colonialisme français, permettant à l’ancienne puissance coloniale de conserver une influence économique sur ses anciennes colonies. Les réserves de change des pays de la zone CFA sont en effet centralisées à la Banque de France, ce qui limite considérablement leur autonomie en matière de politique monétaire.

Cette réalité alimente un fort sentiment d’injustice. Ce qui avait commencé comme une simple revendication de militants maliens s’est progressivement transformé en un mouvement régional dénonçant une forme de néocolonialisme économique. Contrairement à l’euro, soutenu par une économie diversifiée et une banque centrale indépendante, le franc CFA, adossé à une zone économique restreinte, a connu plusieurs dévaluations qui ont érodé la confiance en sa stabilité.
Quels bénéfices pour l’Afrique ?
Les mobilisations contre le franc CFA pourraient engendrer des retombées positives pour le continent. Économiquement, l’adoption d’une monnaie souveraine basée sur les ressources locales permettrait une meilleure maîtrise de la politique monétaire, tout en réduisant la dépendance aux institutions étrangères. Une telle autonomie pourrait favoriser des politiques économiques adaptées aux réalités locales, stimulant ainsi l’investissement et la croissance.

Politiquement, une monnaie propre renforcerait la souveraineté des États africains et encouragerait une dynamique d’unité régionale. Sur le plan social, ces luttes citoyennes permettent de renforcer la conscience collective et l’engagement des populations dans la construction d’un avenir économique commun. Elles participent à la consolidation de la démocratie et à l’émergence d’une fierté nationale partagée.

Pour une souveraineté monétaire et une union économique africaine
L’avenir économique de l’Afrique passe inévitablement par la mise en place d’une monnaie souveraine, pensée et gérée par les Africains. Le projet de l’ECO, future monnaie de la CEDEAO, en est un exemple. Toutefois, au-delà de la création d’une nouvelle devise, il est indispensable de bâtir des institutions régionales solides, capables d’assurer une gestion monétaire crédible et stable.
Enfin, il est crucial de sensibiliser les citoyens sur les enjeux de souveraineté économique à travers des campagnes éducatives, afin de favoriser une participation active aux décisions économiques et politiques. C’est à ce prix que l’Afrique pourra bâtir une véritable autonomie financière, gage de stabilité sociale, de croissance durable et de cohésion nationale.

La rédaction beninpassioninfos.bj
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