Interdiction de débauchage : entre avancées saluées et pratiques persistantes
La récente décision des présidents Joseph Fifamè Djogbénou (UP-R) et Abdoulaye Bio Tchané (BR) d’interdire le débauchage des militants est saluée comme un acte majeur pour l’avenir des formations politiques. Elle vise à mettre un terme aux actes de transhumance, conformément à l’esprit de la loi N°2019-41 du 15 novembre 2019 portant réforme du système partisan.
Cependant, sur le terrain, beaucoup estiment que cette décision arrive tard. Déjà, de nombreux jeunes militants ont été débauchés à des fins inavouées, alors qu’ils espéraient être positionnés lors des communales et législatives de 2020 et 2023. Certains enseignants, notamment des AME et autres acteurs du système éducatif, se retrouvent également happés par ces pratiques politiciennes, au détriment de leur mission première auprès des apprenants.
Le cas de Kandi : vote de défiance contre des conseillers débauchés
À Kandi, un épisode récent illustre la persistance du phénomène. Dix-huit conseillers communaux (UP-R, BR et FCBE) ont voté à l’unanimité la destitution de leurs collègues des FCBE qui avaient rejoint le parti Les Démocrates (LD). Ce vote de défiance, inédit, met en lumière l’impact corrosif du débauchage sur la stabilité des conseils communaux.
Une opposition fragilisée par ses propres pratiques
L’opposition, déjà en quête de crédibilité, se fragilise davantage en reproduisant ces vieux schémas. La diaspora béninoise observe avec regret ces manœuvres, à l’heure où l’union et la discipline sont devenues essentielles. Beaucoup estiment que les formations comme « Restaurer l’Espoir » de Candide Azannaï, les FCBE de Paul Hounkpè ou encore les LD du président YINWÈ gagneraient à s’unir pour peser lors des prochaines échéances électorales.
Une leçon de l’histoire politique
Les épisodes du passé — achat de conscience, distribution de millions, scandales financiers et tentatives de révision constitutionnelle — rappellent que le débauchage est un mirage politique. L’expérience a prouvé qu’il ne garantit pas toujours la victoire et sape plutôt la confiance des citoyens.
Les acquis des réformes sous Talon
La réforme du système partisan a également amélioré les conditions des élus locaux. Alors qu’avant 2016 les rémunérations étaient dérisoires, elles ont été considérablement revalorisées : un chef d’arrondissement touche désormais 300.000 FCFA, un deuxième adjoint au maire 800.000 FCFA, un premier adjoint 1.200.000 FCFA, et certains maires peuvent percevoir jusqu’à 5.000.000 FCFA selon le statut de leur commune.
Conclusion
En définitive, les conseillers FCBE démissionnaires de Kandi ont saboté l’esprit des réformes du système partisan. Il revient au Président Patrice Talon d’appliquer avec rigueur la loi pour freiner cette hémorragie politique.
L’échéance de 2026 sera sans doute l’épreuve de vérité pour le système partisan réformé et pour la désignation des duos candidats à la présidentielle.
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