Bénin : L’IAJP en croisade contre les inégalités territoriales
L’accès équitable aux infrastructures et aux services de base reste un défi majeur au Bénin, où de profondes disparités territoriales freinent le développement de certaines régions. Conscient de cette réalité, l’Institut des Artisans de Justice et de Paix (IAJP) a organisé, le jeudi 20 mars 2025, la première session de ses Cercles de réflexion de l’année. Placée sous le thème « Pour un développement durable et équilibré : l’urgence de viabiliser les régions défavorisées », cette rencontre a réuni experts et citoyens autour d’un débat constructif sur les solutions à apporter aux inégalités territoriales.
Des réflexions en profondeur sur le développement équilibré
Animée par les professeurs Maxime da Cruz, Monique Ouassa Kouaro et Hygin Kakai, la session s’est articulée autour d’ateliers participatifs visant à identifier les obstacles au développement harmonieux du pays et à proposer des pistes d’amélioration. Répartis en trois groupes, les participants ont été invités à répondre à une problématique clé :
« Quelles sont, selon vous, les entraves au développement durable et équilibré des régions défavorisées du Bénin ? Citez quelques pistes de solution capables de surmonter ces difficultés. »
Chaque groupe s’est concentré sur un aspect spécifique du problème . Le premier groupe, dirigé par le professeur Monique Ouassa Kouaro, a analysé l’urgence de viabiliser les régions les plus enclavées et a proposé des mécanismes concrets pour y parvenir. Le second, sous la supervision du professeur Hygin Kakai, a évalué les modèles de développement adoptés depuis les indépendances et leurs limites en matière d’équité territoriale. Le troisième, encadré par le professeur Maxime da Cruz, a effectué un bilan critique des stratégies mises en place jusqu’à présent et de leur impact sur la population.
Des infrastructures insuffisantes et un déséquilibre économique persistant
Lors de son intervention, le professeur Maxime da Cruz, recteur honoraire de l’Université d’Abomey-Calavi et vice-président du conseil scientifique de l’IAJP, a mis en lumière les failles du développement territorial au Bénin. Il a insisté sur la nécessité de replacer l’humain au centre des politiques publiques, rappelant que le progrès ne peut être durable que s’il repose sur trois piliers fondamentaux : le social, l’économique et l’environnemental. Son analyse a révélé plusieurs points préoccupants . Un manque de considération de la population dans les politiques publiques : Trop souvent, les stratégies mises en place ne répondent pas aux besoins réels des citoyens. Les services publics sont parfois défaillants, et l’accès aux infrastructures de base reste inégalement réparti. Une économie dominée par l’informel : Environ 90 % des travailleurs béninois évoluent dans l’économie informelle, ce qui les prive de protection sociale et les expose à une précarité accrue. Malgré un taux de chômage officiellement bas, de nombreux jeunes diplômés peinent à trouver un premier emploi ou un stage, générant un sentiment de frustration et d’instabilité sociale. Des écarts territoriaux alarmants : Même à proximité des grands centres urbains, certaines localités souffrent encore d’un accès limité à l’eau potable, à l’électricité et aux infrastructures de transport. Si des efforts ont été consentis ces dernières années, leur impact reste inégal et nécessite une accélération des initiatives.
Vers un développement plus inclusif et participatif
En clôture de cette session, le père Arnaud Éric Aguénounon, directeur de l’IAJP, a rappelé que le développement ne saurait se limiter aux infrastructures. Selon lui, un véritable progrès passe par une approche globale intégrant des dimensions sociale, économique et humaine. Il a insisté sur l’importance d’une collaboration étroite entre les institutions publiques, le secteur privé et la société civile pour relever les défis du développement territorial.
Un point clé de son intervention a porté sur le rôle fondamental de la communication dans la gouvernance. Il a déploré qu’en Afrique, la communication soit trop souvent perçue comme un instrument de pouvoir plutôt que comme un levier de développement. Pour lui, une meilleure mise en valeur des actions gouvernementales et une implication citoyenne accrue permettraient une mobilisation collective plus efficace.
Pour poursuivre ces réflexions, l’IAJP annonce une nouvelle session au second trimestre 2025, qui portera sur « L’impératif de la bonne gouvernance pour relever les défis actuels liés à la précarité exponentielle ». Cette rencontre visera à approfondir les échanges sur la nécessité d’une gestion transparente et équitable des ressources pour assurer un développement réellement inclusif.
En attendant, les recommandations issues de cette première session seront synthétisées et présentées aux autorités béninoises afin d’encourager des actions concrètes en faveur d’un Bénin plus équilibré et plus juste.
beninpassioninfos
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